Un article des Dernières Nouvelles d'Alsace du 2 mars 2018, que je pensais intéressant de partager
ATHLÉTISME - Rémi Stangret, président de la Ligue du Grand Est, avant l’assemblée générale du 17 mars à Reims Président, un travail de pro ?
Le 17 mars, l’Alsacien Rémi Stangret proposera la création d’un poste de président salarié. Une initiative jugée par certains un peu trop en avance sur son temps, mais qui rappelle à quel point le bénévolat tel qu’on l’a connu est à bout de souffle.
Disons les choses comme elles sont : à moins d’être retraité, solitaire ou célibataire endurci, l’époque du bénévolat à temps plein a probablement vécu. Travailler toute la journée, s’occuper de son club soirs et week-ends et croiser – éventuellement – conjoint et enfants au détour du petit-déjeuner, est devenu sinon impossible, du moins intenable. On est au 21e siècle, que voulez-vous…
« Je rallumais l’ordinateur à 20h30, cinq jours sur sept »
Élu président de la nouvelle Ligue régionale d’athlétisme du Grand Est (LARGE) en novembre 2016, Rémi Stangret, 37 ans, n’a pas mis bien longtemps à dresser ce difficile constat. Père de trois enfants, cadre commercial dans une entreprise américaine de gestion documentaire – un emploi finalement quitté le 1er janvier dernier –, le Marckolsheimois n’est pas du genre à prendre les choses par-dessus la jambe, quand bien même il a pratiqué le saut en hauteur avec brio du temps où il était encore athlète (il possède un record personnel à 2,08 m).
« À l’été 2017, j’ai constaté que je faisais uniquement de la gestion de vie courante à la tête de la Ligue. Je faisais parfois 300 kilomètres pour rencontrer des institutionnels et de potentiels partenaires, des distances qui sont la conséquence directe de la fusion entre les ligues d’Alsace, de Lorraine et de Champagne-Ardenne. Sur l’ensemble de l’année écoulée, j’ai pris quinze jours de congé rien que pour gérer les affaires courantes de la LARGE. J’ai une réunion du bureau une fois par semaine, je reçois 60 à 80 e-mails par jour. Et dans le même temps, il y a plein de sollicitations que je n’ai pas pu honorer. J’étais en emploi, ce n’était tout simplement pas possible. Je rentrais du travail, je m’occupais de mes enfants, puis je rallumais l’ordinateur à 20h30, cinq jours sur sept, pour gérer le tout-venant. Le problème dans tout ça, c’est qu’il n’y avait quasiment rien de dédié au développement de nos activités. Or, pour moi, c’est l’une des priorités de ma fonction. »
Un job à temps plein
Convaincu que présider la LARGE correctement est un job à temps plein, l’élu alsacien s’est alors renseigné auprès du service juridique de la Fédération française (FFA) et a ouvert le débat au sein de son comité directeur.
Deux options s’ouvraient à eux : indemniser le président pour son rôle associatif – « En clair, la personne active peut se mettre à 80% et demander une compensation à l’association à hauteur des 20% restants », précise Stangret –; salarier un élu du comité directeur, celui-ci devant « justifier de compétences particulières » dont l’association tirera bénéfice.
« Mes compétences, c’est le commercial et les partenariats. Le salaire serait versé par rapport à ça, avec un vrai contrat de travail lié à la durée du mandat. » Une sorte de “CDD”, jusqu’en 2020 donc (terme de son mandat actuel), avec couverture sociale, assurance chômage et cotisations retraite.
Si les “grosses” Ligues françaises d’athlétisme possèdent pour la plupart des postes salariés au niveau de leur direction, aucune des treize Ligues actuelles (plus six en Outre-Mer) ne compte de président professionnel. Et c’est peut-être là que se situe l’éventuel blocage, comme si ce cap symbolique ne pouvait être franchi, quand bien même tout serait légal. « Rémi est en avance de 10 à 15 ans sur son temps », commente un observateur extérieur qui préfère garder l’anonymat, preuve que le sujet fait débat. Jusqu’au plus haut sommet de la FFA d’ailleurs…
Au sein de la LARGE, la “base” grince des dents ici et là, surtout en Champagne-Ardenne où quelques frondeurs se sont déjà fait entendre plus ou moins publiquement. Même certains “historiques” de l’ex-Ligue d’Alsace se disent contre. Pas de quoi décourager Rémi Stangret, pour l’instant en tout cas.
[A SUIVRE]