La Légion construit l'après El Himer
Contrainte de recruter large après les départs de Driss El Himer et Mohamed Ouadih, la Légion Étrangère a dû également faire face à la suppression de ses faveurs administratives. Ses athlètes sont dorénavant invités à patienter trois ans avant d'embrasser la nationalité française.
Fini le temps où tout coureur étranger, dès lors qu'il intégrait la Légion, bénéficiait administrativement d'un passeport français pour mener à bien sa mission. Et donc d'un statut avantageux de sélectionnable. « Désormais, nos athlètes doivent patienter trois ans au moins avant de faire leur demande de naturalisation », explique le sergent-chef Payet en charge de la section cross à la Légion. « Dès l'instant où les passeports administratifs ne sont plus pris en compte, nous avons dû revoir nos plans de bataille lors des grosses échéances. Cela dit, je comprends tout à fait la grogne de certains athlètes français relégués aux seconds rôles du fait de nos anciens avantages ».
Doléances revenant de plus en plus souvent aux oreilles de la fédération française d'athlétisme. Laquelle a fini par prendre le taureau par les cornes. « On a mis du temps à s'en apercevoir, reconnaît le directeur administratif Jean Gracia. Mais il nous fallait en effet réorganiser les choses plus équitablement. Ce fut fait avant le Mondial de cross ». En clair : un légionnaire d'origine étrangère reste étranger. Tout au moins au regard des réglements sportifs et pour une période probatoire de trois ans.
Un sérieux coup de frein pour l'Olympique Marseille. « La vie est faite de changements », relativie le Docteur Michel Peiffer, président de la section athlétisme du club phocéen. « Il faut savoir s'adapter. Nous restons optimistes malgré tout. D'ailleurs, nous avons confirmé notre convention avec la Légion. Sans oublier que Driss El Himer et Abdellah Behar continuent à être nos porte-drapeaux ».
Benmeni sur les traces de Driss
L'heure est donc à la reconstruction dans les rangs légionnaires. Le sergent-chef Payet s'y emploie depuis plus d'un an. Et à l'entendre, il a déjà mis la main sur certains futurs grands. Lesquels viendront se frotter au gratin hexagonal, dimanche à l'Épau. « Mohamed Benmeni jouit d'une montée en puissance étonnante. À 21 ans, il vient de remporter haut la main le championnat de France cross court de l'Armée de terre. Il m'apparaît encore un peu tendre pour la route. Dans deux ans, en revanche, c'est un futur El Himer ». Voilà pour l'avenir. Le présent se nomme James Kibocha Theuri, « le plus costaud de nos athlètes du moment ». Costaud au sens figuré. Car la balance reste bloquée à 48 kg et la toise à 1,60 m. « Chez nous, on le surnomme la souris ». Le garçon s'est faufilé 3e sur Marseille-Cassis et n'a laissé que les miettes à ses adversaires aux cross du Val de Marne et de la RATP.
Son compatriote Simon Munyutu a surtout frappé les esprits sur semi-marathon. « Il a réussi 1 h 02'28'' à Tarbes. Il fait également 3e au cross international de Nantes ». Également au départ des AS, dimanche, le « papy » de la Légion, le naturalisé Tijani Errahmouni (28'58 sur 10 bornes, 3e au Val de Marne). Sans oublier la jeunesse marocaine symbolisée par Hamed Ezzobayry, dit le « taureau » pour « son tempérament fougueux illustré par son récent succès à Châteaurenard ». Le Maroc également représenté par Youssef Esraidi, 3e des 10 km de Monaco. Voilà longtemps que la Légion n'avait été aussi étrangère...